Les monuments communistes disparaissent des rues de Kiev, de Budapest et de Varsovie. L’Europe de l’Est liquide ses vestiges soviétiques au grand dam de Moscou, comme le décrit le quotidien moldave Timpul
Il n’y a pas si longtemps, le camp socialiste était encore planté de monuments à la gloire des libérateurs soviétiques. En très peu de temps, ces statues ont commencé à disparaître… pour refaire surface dans les vitrines de musées du communisme. La Russie a réagi durement à ce mouvement, accusant gouvernements et citoyens des anciens satellites de Moscou de céder à l’ultranationalisme de droite.
En Hongrie, les symboles communistes ont été interdits dès 1989. Les statues des soldats soviétiques ont été démontées immédiatement et rassemblées dans un musée en plein air – le Statue Park. Dans le centre de Budapest, un parking souterrain a scellé le sort de l’obélisque qui louait le courage du soldat qui libéra la capitale. Moscou avait donné son autorisation, soulignant toutefois qu’il était “prioritaire” qu’il refasse son apparition sur la place de la Liberté pour le bien-être des relations russo-hongroises… Même si l’Union mondiale des Hongrois a recueilli plus de 200 000 signatures pour sa destruction, le gouvernement socialiste n’a pas voulu gâcher le dialogue avec Moscou. En 2005, le leader communiste Attila Vajnai a tout de même été écopé d’une peine de prison pour avoir porté l’étoile rouge lors d’un mouvement de protestation.
En 2007, le Parlement polonais a débattu d’un projet de loi permettant aux autorités locales de démanteler les symboles faisant l’éloge des régimes totalitaires. Moscou a réagi de façon hystérique, accusant Varsovie de “révisionnisme concernant les conséquences de la Seconde Guerre mondiale”. Pour calmer le jeu, les députés ont révisé le projet. Pourtant, à la fin de l’année dernière, le Code pénal a été modifié : un article interdit désormais “la fabrication, la distribution, la vente ou la possession de matériels qui représentent des symboles fascistes et communistes”. Les contrevenants risquent jusqu’à deux ans d’emprisonnement. En Estonie, le Parlement a voté une loi qui punit de 3 300 euros d’amende ou d’une peine de prison pouvant aller jusqu’à trois ans ceux qui propagent des symboles communistes et nazis.
En 2007, les autorités ont décidé de déplacer le soldat de bronze du centre de la capitale, Tallinn, vers un cimetière militaire. Une décision qui a provoqué des manifestations violentes, orchestrées notamment par les jeunes du groupe ultranationaliste Parrains, ouvertement soutenu par Moscou. Des centaines de jeunes ont été arrêtés. La Russie a accusé l’Estonie de “réécrire l’Histoire” et de revenir “au fascisme”. Le président estonien, Toomas Hendrik Ilves, a rétorqué que “ce soldat [représentait] les déportations et les massacres, la destruction du pays, et non sa libération”. La Lituanie voisine a été honorée en 1945 de la dépouille du général soviétique Ivan Tcherniakhovski, enterré sur la place centrale de Vilnius. Après la chute de l’URSS, les restes du général ont été déplacés à Moscou. En 2008, le Parlement a interdit à son tour les symboles et les hymnes soviétique et nazi pendant les manifestations. Un homme d’affaires prospère a investi 1 million de dollars dans le projet du parc Gruto, construit sur un marais de 50 hectares pour accueillir les vestiges soviétiques. En Roumanie, la statue du soldat soviétique a été fondue pour réaliser un monument à la gloire de Michel le Brave, qui avait défié l’empire ottoman au XVIIe siècle.
La disparition du monument a été remarquée par un fonctionnaire de l’ambassade de Russie à Bucarest venu déposer des fleurs… L’ambassade a envoyé une note de protestation à la présidence. A Bucarest, la statue de Lénine a été démolie en 1990 par des milliers de révolutionnaires en colère. Enfin, en Ukraine, en 2006, la Rada (Parlement) a débattu d’une loi qui proposait la destruction des monuments à la gloire des ordonnateurs de l’Holodomor (extermination par la faim), dont Lénine. Il a également été question de retirer les étoiles soviétiques figurant sur certains monuments et de rebaptiser des rues. Le projet n’a toutefois pas été retenu. Pourtant, à la fin de son mandat présidentiel, Viktor Iouchtchenko a inauguré un musée à la mémoire des victimes de la police secrète soviétique, le NKVD. Il a appelé à ce que tous les monuments soviétiques soient jetés “à la décharge de l’Histoire”. [article complet sur Courrier International]
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